Ne pas confondre la vision libérale des Maisons de santé avec l’objectif universel des Centres de santé
Les Maisons de santé sont des structures libérales regroupant plusieurs professionnels de santé qui doivent œuvrer de manière coordonnée. Ceux-ci peuvent fixer librement leurs honoraires.
Les actuels Centres de santé sont les héritiers des dispensaires qui ont joué un rôle déterminant dans la lutte contre les maladies infectieuses et ont permis aux milieux populaires d’accéder au médecin avant que la création de la Sécurité sociale ne généralise l’accès aux soins.
Les Centres de santé font l’objet d’une définition légale inscrite dans le Code de la santé publique à l’article L. 6323-1 :
« Les centres de santé sont des structures sanitaires de proximité, dispensant des soins de premier recours et, le cas échéant, de second recours et pratiquant à la fois des activités de prévention, de diagnostic et de soins, au sein du centre, sans hébergement, ou au domicile du patient. Ils assurent, le cas échéant, une prise en charge pluri-professionnelle, associant des professionnels médicaux et des auxiliaires médicaux.”
Les médecins, ainsi que les autres professionnels de santé, y sont salariés.
Les Centres de santé ne doivent pas pratiquer de dépassements d’honoraires et pratiquer le « tiers-payant ». C’est donc un outil de lutte contre le renoncement aux soins.
Nous défendons exclusivement les Centres de santé à mission de service public. En effet, une ordonnance de janvier 2018 a modifié les conditions d’exercice de ces structures, en introduisant la possibilité pour le secteur lucratif de gérer des centres de santé, sous réserve que les bénéfices ne soient pas distribués mais mis en réserve ou réinvestis. Cette opportunité a permis l’ouverture de Centres de santé d’un esprit tout différent et a donné lieu à de graves dérives.
Les Centres de santé peuvent attirer de jeunes médecins
Lees jeunes médecins généralistes hésitent à s’engager dans la médecine libérale. Cinq ans après la fin de leur thèse, trois médecins sur quatre ne sont pas installés. Le Centre de santé leur offre la souplesse d’un emploi salarié, des horaires équilibrés entre engagement professionnel et vie privée, l’attrait d’un projet d’équipe.
Dans un Centre de santé, le médecin peut se consacrer pleinement aux patients : ils sont déchargés des tâches administratives. De surcroît, les centres de santé peuvent recruter des « infirmiers en pratique avancée » qui peuvent prendre en charge, dans le cadre d’une équipe pluri-professionnelle, des patients chroniques pour lesquels le diagnostic est établi.
Une conception globale et préventive de la santé
Le code de la santé publique reconnait le possible rôle des Centres de santé pour permettre l’accès à la santé : ils peuvent mener des actions de santé publique, d’éducation thérapeutique du patient ainsi que des actions sociales, notamment en vue de favoriser l’accès aux droits et aux soins des personnes les plus vulnérables.
L’objectif d’un Centre de santé n’est pas seulement de permettre l’accès aux soins, mais de promouvoir les conditions de la santé. La structure qui porte le Centre de santé -qui peut-être une mutuelle, un hôpital, une collectivité territoriale...- définit, en collaboration avec l'équipe de professionnels, un projet de santé à l'échelle du territoire concerné. Celui-ci repère les principaux problèmes rencontrés et définit des actions de prévention. Celles-ci prolongent les politiques de logement, d'encouragement au sport et à une alimentation saine qui peuvent être menées par ailleurs par le porteur de projet.
Les Centres de santé peuvent atteindre l'autonomie financière
Les Centres de santé sont financés par les remboursements de la Sécurité sociale, dans les mêmes conditions que la médecine libérale. Des modes de remboursement au forfait, plus adaptés à la médecine préventive et à la prise en charge des maladies chroniques sont en cours d'expérimentation. Des financements sur projets peuvent être sollicités auprès du département ou de l'ARS.
Les Centres de santé ont cependant un besoin de soutien financier à leur démarrage, la Fabrique des Centres de santé estime qu'ils peuvent obtenir leur autonomie financière dans un délai de trois ans en moyenne.
La question du financement ne doit pas être un obstacle : les solutions sont à rechercher au cas par cas en fonction des moyens de la collectivité concernée. Elle pose la question de la priorité accordée à la santé dans les politiques publiques.